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La nuit noire de l'âme

 

Quelle est cette étrange expérience méconnue, 


qui semble pourtant toucher beaucoup d'entre nous ?

La « nuit noire de l’âme » est une expérience peu connue, et qui serait pourtant très

répandue, en témoignent les nombreux récits sur le sujet. Elle se caractérise par une

perte profonde de sens, sur notre vie et nos croyances ; une sorte de « dépression »

de l’âme, qui plonge au cœur de nos peurs les plus profondes, et prépare à une

véritable transformation intérieure. L’égo se meurt, le « vrai soi » s’éveille…

Ce sentiment de désolation spirituelle a été largement relaté à travers les siècles.

Dans les écoles des mystères de l’Égypte antique, on essayait de le créer

artificiellement, pour tenter d’atteindre un éveil « en accéléré ». Enfermé dans un

sarcophage, l’expérimentateur était confronté à ses peurs intimes: l’obscurité, la

solitude, la mort. Après quelques jours, le sarcophage était ouvert. Les survivants

avaient réussi l’initiation. Dans la mythologie, on retrouve d’autres récits similaires,

parfois appelés « voyage au bout de la nuit » ou encore « descente aux enfers »

Le premier à avoir utilisé l’expression est le mystique Jean de la Croix, au XVIème

siècle, dans son livre « La nuit obscure ». Les récits de nuit noire ont de nombreux

dénominateurs communs. Elle touche très souvent des personnes qui cheminent, par

le biais du développement personnel ou de la spiritualité, et qui pensent avoir trouvé

une forme de vérité, de sérénité. Selon Jean de la Croix: « Plus les choses divines sont

en soi claires et manifestes, plus elles sont naturellement obscures et cachées à l'âme. Il

en est ici comme de la lumière naturelle : plus elle est claire, plus elle éblouit et obscurcit

la pupille du hibou ; plus on veut fixer le soleil en face, et plus on éblouit la puissance

visuelle et on la prive de lumière (…). De même quand cette divine lumière de la

contemplation investit l'âme qui n'est pas encore complètement éclairée, elle produit en

elle des ténèbres spirituelles. » 

Lors de la nuit noire, les personnes se rendent compte, et ressentent dans leur corps

que tout ce qu’elles pensaient savoir, et qui était fabriqué par le mental, est erroné.

Sans préambule, tout s’écroule. La paix apparente laisse alors place à une déprime

profonde, un sentiment de vide qu’aucune activité ne trompe, qu’aucune lecture ou

séance chez le psy ne semblent soulager. Selon Eckhart Tolle, qui raconte son

expérience de nuit noire sur son site, ce sentiment a un sens précis, le retour « à un

état d’ignorance où les choses perdent la signification que vous leur aviez donnée et qui

était seulement conditionnelle, culturelle, etc. Vous pouvez alors regarder le monde sans

imposer un cadre de signification fabriqué par le mental (…). C’est pourquoi c’est si

angoissant quand cela vous arrive effectivement plutôt que de l’adopter vraiment

consciemment. »

J'avais le sentiment d’avoir atteint l’éveil...

Ainsi, à l’image des premiers rayons de soleil qui viennent réchauffer la terre et

chassent la pénombre, la nuit noire de l’âme crée une dynamique, un mouvement de

vie, elle génère un changement en profondeur. Pour Fanny, une consultante en

webmarketing âgée de 28 ans, « ça a commencé après un épisode extrêmement fort, ou

j’avais le sentiment d’avoir atteint l’éveil, et d’avoir trouvé ma place. Puis ce sentiment

s’est évanoui. Et toutes mes peurs sont ressorties. J’ai pensé que je serais comme ça toute

ma vie, dans une tristesse, une colère omniprésente. Je me suis désintéressée de mon

cheminement spirituel. J’ai eu l’impression que tout ce que j’avais appris était

« n’importe quoi ». 


Thierry Pasquier, un docteur en pharmacie, a vécu cette traversée durant 23 ans.

Dans sa 33ème année, alors patron d’un restaurant végétarien, créateur d’un éco

village et professeur de Kundalini Yoga, son monde s’effondre. Sa voiture rend l’âme,

ses deux chats meurent, sa femme le quitte avec l’un de ses enfants, sa maison est

réduite en cendres par un incendie. Il comprend un peu plus tard qu’il traverse une

nuit sombre de l’âme. Selon lui, elle serait le résultat « d’une déchirure que nous

faisons entre nos vieilles habitudes cellulaires et un autre état d’âme lumineux dont

nous n’acceptons pas encore l’intensité ».

Dans le cas de la nuit noire, l’obscurité peut se révéler de l’intérieur, sans forcément

de cause extérieure connue, comme dans le cas de Thierry. Nous sommes confrontés

brutalement aux racines de nos vieux fardeaux émotionnels, à nos peurs les plus

profondes, dont certaines que nous n’avions même pas identifiés. Tant que nous

n’avons pas vu nos peurs en face, le mental tourne en rond, l’égo est renforcé, un

concept intellectuel en chasse un autre, mais aucun n’est réellement intégré par

l’expérience du corps. 

Heureusement, cette période initiatique ne dure qu’un temps.

Les peurs auxquelles nous sommes confrontées, très intimes, sont souvent bien

supérieures à tout ce que nous avions connu, à la limite du soutenable. Tant que nous

nous identifions à elles, le jeu de l’égo est entretenu, et elles sont alimentées. Thierry

Pasquier raconte comment il a déjoué ce cercle pernicieux : « la meilleure chose à faire

pour moi était de lâcher-prise sur la souffrance, sur ce qui était là. Juste observer la

souffrance, sans mettre un couvercle dessus, ni la faire bouillir en mettant sous la

marmite le feu du mental: « comme je suis nul, je tourne en rond, je n'arriverai à rien,

j'ai gâché ma vie, je ne change pas malgré mes efforts, etc. » Simplement laisser pleurer

le corps, le temps que ça dure, une heure, une journée, une semaine. » Ainsi, on se

désidentifie de notre souffrance, on voit émerger notre « vrai » nous, notre « âme ».

On reprendre le pouvoir que l’on a donné à notre peur. Tout comme dans le processus

de deuil- celui de notre égo négatif -, le déni puis la dépression laissent place à

l’acceptation. 

Heureusement, cette période initiatique ne dure qu’un temps. Fanny raconte : « J’ai

commencé à m’en sortir le jour ou j’ai touché le fond. C’était de mon anniversaire, j’ai

passé la journée sur le canapé, les yeux dans le vide. Après plus de deux années dans cet

état, je n’en pouvais plus. J’ai compris qu’il fallait que je m’abandonne, que je ne pouvais

rien faire d’autre. Et le lendemain j’allais beaucoup mieux. »

D’après les récits, la manière dont une nuit obscure de l’âme se termine est souvent la

même. On vit dans sa chair ce qui est souvent relaté dans les enseignements

spirituels, ou les récits d’éveil : lorsque nous lâchons prise, nous nous rendons

compte de l’impermanence des pensées et des émotions. Eckart Tolle explique: « (les

personnes) s’éveillent à quelque chose de plus profond qui n’est plus basé sur des

concepts dans leur tête : un sentiment plus profond de but ou de connexion avec une vie

plus grande qui ne dépend plus des explications, ni de rien de conceptuel. » 

Alors que des peurs profondes s’évanouissent et que les jeux du mental s’apaisent, on

éprouve une énorme gratitude, un sentiment de libération très puissant. 

Par la suite, même si des pans entiers de croyances sont tombés, l’apprentissage n’est

pas terminé. Mais notre regard sur les jeux de l’égo a changé, et les leçons de vie

semblent plus directes, plus rapides à intégrer. On se laisse moins happer par les

vagues. Un espace de sérénité s’est ouvert et l’on peut continuer de le nourrir en soi.



 



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